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sur les talons d’Euphrosine, et elle se cacha derrière une haie pour l’épier. Elle ne vit point la fée, mais elle vit la petite fille qui mangeait et qui semblait avoir quelque chose de gros dans son tablier. Elle sortit aussitôt de sa cachette, et dit brusquement à Euphrosine :

— Qu’est-ce que tu as dans ton tablier ?

La petite le déplia, et au lieu de pain il contenait des fleurs.

— Où les as-tu prises ? demanda la belle-mère.

— Je les ai cueillies dans les champs, répondit-elle toute tremblante.

La méchante femme s’en alla à la maison, furieuse de n’avoir rien su.

La fée venait tous les jours voir sa filleule, elle lui emportait sa quenouille et le soir la lui rapportait toute filée ; un jour, elle vint la voir et lui dit :

— Je vais m’absenter pour un long voyage et je ne reviendrai pas de sitôt ; voici une baguette et une bague qui te donneront tout ce que tu désireras ; mais prends bien garde que ta belle-mère ne te les enlève, car elle te veut du mal et ne désire que ta mort.

Euphrosine, après le départ de sa marraine, ne manquait de rien grâce à sa baguette et à sa bague ; elle grandissait et embellissait tous les jours ; les galants s’empressaient autour d’elle et ne daignaient même pas regarder Césarine qui enlaidissait à vue d’œil. La méchante belle-mère était furieuse.

Euphrosine tomba malade, et sa belle-mère écrivit à son père que