Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA CHÈVRE BLANCHE


Il était une fois un capitaine dont la femme mourut en donnant le jour à une petite fille qui fut nommée Euphrosine et eut une fée pour marraine. Le capitaine eut bien du chagrin à la mort de sa femme, et comme il était souvent en mer, il mit sa petite fille à la nourrice. Mais quand elle fut devenue un peu grande, il trouva qu’elle n’était pas bien soignée par ceux chez qui il l’avait placée, et il se remaria pour que son enfant eût une seconde mère.

Peu de temps après son mariage, il se rembarqua pour un voyage qui devait durer trois ans, et il recommanda à sa femme d’avoir bien soin de sa petite Euphrosine. Elle lui promit tout ce qu’il voulut, mais c’était une méchante personne qui n’aimait qu’une petite fille nommée Césarine qu’elle avait eue d’un premier mariage. Césarine était laide, au lieu qu’Euphrosine avait une figure jolie et gracieuse, et elle avait à une oreille une petite marque rouge comme une fraise que ses cheveux recouvraient.

La belle-mère d’Euphrosine ne lui donnait à manger que de mauvaises pommes de terre et des croûtes de pain moisi, car elle aurait bien voulu voir mourir l’enfant de son mari, pour que sa fille à elle eût tout l’héritage. Elle l’envoyait aux champs garder quatre moutons blancs, et elle lui donnait tous les jours une grosse quenouille