Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/149

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Avec l’argent que lui faisait son âne, le bonhomme acheta des navires et devint armateur.




Mais les gens disaient que c’était un vieux voleur, et que pour être devenu riche en si peu de temps il devait avoir volé et assassiné quelqu’un. La justice s’en mêla, et il fut condamné à être guillotiné.

Le jour où il devait monter sur l’échafaud, il y avait plein de monde sur la place pour lui voir couper le cou. Le bonhomme dit :

— Puisqu’on accorde aux condamnés à mort tout ce qu’ils veulent, je désirerais qu’on m’apporte mon bâton de vieillesse, afin que je le voie encore une fois avant de mourir.

On alla chercher le bâton du bonhomme ; il le prit à la main, et dit :

— Vous voyez bien ce bâton-là ; c’est lui qui m’a donné toute ma richesse. Mon bâton, déplie-toi.

Voilà le bâton qui voltige en l’air ; il cassa la tête du bourreau, renversa les gendarmes, démolit l’échafaud et se mit ensuite à frapper ceux qui étaient venus pour voir l’exécution. De tous côtés on entendait crier :