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Le bonhomme cria : Ora pro nobis ! mais le bâton était si lancé, qu’il ne cessa de frapper que quand il eut dit pour la seconde fois : Ora pro nobis.

Il s’en alla avec son âne et sa serviette ; et quand il fut de retour chez lui, sa femme lui dit :

— Et Norouâs, t’a-t-il bien payé ?

— Oui, répondit-il, tu vas voir tout ce qu’il m’a donné ; tends ton tablier : « Âne, fais de l’or, » commanda-t-il.




L’or tombait dans le tablier de la bonne femme, qui était émerveillée, car de sa vie elle n’avait vu autant de louis. Il étendit ensuite sa serviette sur la table, et dit : « Serviette, déplie-toi ; » et aussitôt la table se chargea de plats et de liqueurs.

Quand ils eurent bien dîné, le bonhomme dit :

— J’ai encore un bâton qui bâtonne tous ceux que je veux, j’ai voulu l’essayer, et il m’a frotté de la bonne façon, mais je ne te montrerai pas comment on peut s’en servir ; car tu voudrais peut-être l’essayer sur moi.