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donniez du pain ; la serviette de Norouâs m’en fournira bien pour tout le monde : « Serviette, déplie-toi, » dit-il en la tirant de sa poche.

Et voilà une belle table qui se dresse toute seule, qui se couvre d’assiettes, de verres, de viandes et de vins ; jamais personne n’avait vu un repas mieux servi.

Au lieu de donner au bonhomme une botte de paille dans un coin de l’écurie, l’hôtesse le coucha dans un beau lit sur une couette de plumes ; il ne tarda pas à s’endormir, et quand il ronfla comme un bienheureux, elle lui prit sa serviette, et lui en mit à la place une autre qui était toute semblable. Il s’en retourna chez lui, et quand sa bonne femme le vit, elle lui dit :

— Norouâs t’a-t-il bien payé ?

— Oui, regarde la belle serviette.




— Vieux sot, s’écria-t-elle, tu aurais mieux fait de prendre autre chose ; dans notre pièce de lin, il y avait plus de deux cents serviettes, et tu t’es contenté d’une seule !

— Ne crie pas, dit le bonhomme ; tu vas voir comme elle est utile : « Serviette, déplie-toi ! » commanda-t-il.