— Est-ce toi, lui dit-il, qui t’appelles Norouâs ?
— Non, c’est moi Surouâs.
— Où est le coquin de Norouâs qui m’a enlevé tout mon beau lin ? j’ai apporté mon bâton exprès pour le tuer.
— Ne parle pas si haut, bonhomme, répondit Surouâs ; s’il t’entendait, il t’enlèverait dans les airs comme une guibette[1].
— Nous allons voir, dit le bonhomme en serrant son bâton.
Voilà Norouâs qui s’approcha en soufflant :
— Ah ! gredin de Norouâs ! s’écria le bonhomme : c’est toi qui m’as volé ma belle pièce de lin !
— Ne me dis rien, ou je t’enlève, répondit la grosse voix de Norouâs.
— Il faut que tu me rendes ma pièce de lin.
— As-tu bientôt fini de me casser la tête, vieux propre à rien ? disait le vent.
Mais le bonhomme ne cessait de crier :
— Norouâs, rends-moi mon lin ! Norouâs, rends-moi mon lin !
— Hé bien, dit Norouâs ; pour avoir la paix, voici une serviette.
— Avec ma pièce de lin, répondit le bonhomme, j’aurais eu de quoi en faire plus d’un cent. Norouâs, rends-moi mon lin !
— Tes serviettes, dit Norouâs, n’auraient pas eu la vertu de celle-ci ; quand tu lui diras : « Serviette, déplie-toi ! » elle te donnera la plus belle table servie que tu aies jamais vue.
Le bonhomme descendit de la montagne, puis il s’arrêta pour
- ↑ Un moucheron.