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— Vous ne me reconnaissez donc pas ? dit le prince.

— Non, monsieur, répondit le vieillard.

— Je suis votre fils, qui fut enlevé en mer par un navire du roi de Naz, et je me suis marié avec la princesse de ce pays. Et ma mère ?

— Elle est à la maison, bien vieille et bien pauvre.

— Consolez-vous, mon père, je suis venu ici tout exprès pour vous mettre à l’aise sur vos vieux jours.

Alors il retourna auprès des autorités, et leur dit qu’il irait demeurer chez le vieux pilote, et il y resta trois semaines.

Un jour sa mère lui dit :

— Mon fils, il faut que je te fasse part d’une chose qui m’étonne bien : on ne voit jamais la figure de ta femme.




— C’est l’usage du pays : les maris ne voient leurs femmes sans voile que lorsqu’elles sont devenues mères, et, avant de partir, j’ai juré à mon beau-père de respecter cette coutume.

— Si j’étais à ta place, dit-elle, je voudrais savoir si j’ai épousé une belle personne ou un laideron : en t’y prenant adroitement, ton beau-père n’en saura rien.