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grâce et d’esprit qu’à la fin du bal chacun s’empressait autour d’elle, et la belle Aurore restait presque seule.

Le roi fut fâché de cette préférence, et il résolut de se débarrasser cette nuit même de Crépuscule, afin que ses galants fussent obligés de courtiser Aurore. À la fin du bal, il la fit venir et lui dit :

— Ma fille, vous allez partir à l’instant pour aller voir votre marraine la fée.

— Mais, mon père, répondit-elle ; il est nuit noire, je vais avoir peur toute seule par les chemins, et je suis lassée. Permettez-moi d’attendre à demain.

— Non, dit le roi, il faut que vous partiez tout de suite ; je vais vous donner pour la route un panier de provisions, et un de mes écuyers vous escortera.

Crépuscule monta à cheval, et l’écuyer l’accompagna.

Quand ils eurent fait un bon bout de chemin, Crépuscule qui était fatiguée d’avoir dansé, dit à son conducteur :

— Je voudrais bien dormir un peu, car je n’en puis plus.

Elle descendit de cheval, et comme ils étaient dans une forêt, l’écuyer ramassa de la mousse pour faire un lit à la princesse, et il mit sous sa tête le panier aux provisions pour lui servir d’oreiller.

Quand elle fut bien endormie, l’écuyer, auquel le roi avait ordonné d’égarer sa fille, monta à cheval et s’enfuit au galop.

En se réveillant, Crépuscule fut bien surprise de se trouver seule au milieu de la forêt ; elle appela son conducteur, mais il était bien