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contes de la haute-bretagne.

— Je le veux bien, répondit le toi. J’ai bien du chagrin, ma fille est entre les pattes du diable.

— Je la délivrerai, bien, répondit-il, j’ai déjà eu affaire autrefois avec ce compère.

De fait, il délivra la fille du roi, et quand il l’amena, le roi lui dit :

— Il faut épouser ma fille, puisque tu l’as tirée des pattes du diable.

— Non, répondit Jean-sans-Peur, je suis parti pour chercher la Peur, et je veux la trouver.

— Dîne avec moi auparavant, dit le roi.

Jean-sans-Peur se mit à table, et, au milieu du repas, le roi lui demanda d’aller chercher un pot qui était dans le foyer. Jean sans-Peur y alla, et il découvrit le pot. Il était plein de mouches qui lui sautèrent toutes à la fois à la figure. Il fut surpris et il eut peur ; Alors il épousa la fille du roi, et ils vécurent heureux ensemble.

(Conté en 1881 par Jean Chaton, de Penguilly.)

IV

LES GARÇONS FORTS

Une veuve avait quatre fils : ils étaient doués d’une si grande force qu’on leur donna des noms en rapport avec leur surprenante vigueur.

L’aîné s’appelait Bras-de-Fer, le second Décotte-Montagne, le troisième se nommait Teurs-Chêne (Tords-Chêne), et le quatrième Meule-de-Moulin.

À la mort de leur mère, ils résolurent d’aller chercher fortune au loin, et ils se mirent en route chacun de leur côté.

Bras-de-Fer essaya d’abord l’état de bûcheron, mais il faisait des fagots gros comme des maisons, et personne ne les lui achetait ; il changea de métier et entra en apprentissage chez son parrain qui était forgeron. Mais quand Bras-de-Fer frappait sur l’enclume, les marteaux se brisaient entre ses mains, et au lieu de