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contes de la haute-bretagne.

— Te voilà, compère le Bossu ; qui est-ce qui t’a jeté où tu es ?

— Ce sont mes frères, répondit le bossu.

— Hé bien ! dit le petit renard, je vais allonger ma queue ! tu vas la saisir et je te remonterai.

En allongeant sa queue, le petit renard disait : « Poutte-Poutte, ma queue est-elle bientôt assez longue ? »

— Pas encore, répondit le bossu.

Le renard dit trois fois : « Poutte-Poutte, ma queue », et quand le bossu l’eut saisie, il se mit à grimper tout au long ; mais au moment où il était sur le point d’arriver en haut, il lâcha prise et retomba dans le précipice. Le petit renard allongea de nouveau sa queue et recommanda au bossu de cracher dans ses mains et de tenir bon. Le bossu se remit sur la queue du renard qui l’attira à lui, et quand il fut tiré du précipice, le renard lui passa la queue par dessus la tête, et aussitôt le bossu devint le plus bel homme du monde.

Il se rendit à la maison au moment où son père était sur le point de mourir ; il lui demanda s’il n’avait pas de l’eau qui rajeunit. Le mourant lui répondit que ses enfants avaient été lui en chercher, mais qu’elle ne produisait aucun effet.

— Lequel de vos enfants vous en a apporté ?

— Ce sont les deux aînés, et je pense que mon plus jeune enfant est mort.

— Non, répondit-il, il n’est pas mort, car c’est moi qui suis votre dernier enfant.

On envoya chercher l’eau ; le jeune homme en frotta son père et lui en fit boire, puis il alla chercher la mule, qui chanta, et son père fut rajeuni à l’âge de quinze ans. Alors le jeune homme lui raconta son voyage ; son père fit tuer ses deux aînés. Le jeune homme épousa sa cousine et ils vécurent heureux.

(Conté en 1880 par Auguste Quémat, de Saint-Cast, âgé de 11 ans.)