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contes de la haute-bretagne

— Hé bien ! c’est pour cela que je vais te tuer.

— C’est ce que nous allons voir, répondit le petit forgeron qui d’un coup de sabre fit sauter la tête du géant.

Il prit ensuite par la route d’où les géants étaient venus, et il arriva à leur château où il entra, et il vit leur mère qui pleurait à chaudes larmes :

— Ma bonne femme, lui dit-il, qu’est-ce que vous avez donc qui vous fait tant de chagrin ?

— J’avais trois fils, répondit-elle, et je ne sais pas ce qu’ils sont devenus.

— Moi, je sais bien où ils sont, et je vous les montrerai, si vous voulez me donner toutes les clés de votre château.

La bonne femme lui remit les clés, et il lui dit :

— Tenez, montez sur la fenêtre et regardez.

Quand la petite bonne femme, qui n’était pas plus haute qu’une cruche, fut grimpée sur la fenêtre, le petit forgeron la prit par les jambes, et la jeta dans la cour où elle se tua ; et il resta maître du château et de ses trésors.

(Conte en 1880 par Virginie Hervé, d’Evran.)

VIII

LA FAUCILLE, LE CHAT ET LE COQ

Il y avait une fois trois garçons qui perdirent leur père et leur mère. Leurs parents n’avaient point été économes, de sorte qu’à leur mort ils ne laissèrent pour tout héritage qu’une faucille, un coq et un chat.

L’aîné dit à ses frères :

— Comment faire ? Nous allons partager et chacun de nous aura un objet, puisqu’il y en a trois. Lequel choisis-tu, demanda-t-il au plus jeune ?

— Je veux la faucille, répondit-il.

— Et toi ? dit-il au second.

— Moi, je prendrai le coq.