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moignages de son histoire, à l’enfermer dans leur société, devenue semblable à une ruche d’abeilles, réduiraient à l’instinct mécanique de l’animal le fécond génie de cette libre, de cette noble, de cette puissante créature, à laquelle Dieu a donné la terre pour le vaste théâtre de son action, les lois de l’univers pour l’objet inépuisable de sa connaissance, les forces de la nature pour le service agrandi de ses besoins, en lui permettant d’arriver sans cesse, par plus de savoir, à plus de bien-être.

La vie est une suite de buts. M. Rossi en eut beaucoup dans la sienne. En allant de l’un à l’autre, quelquefois avec un peu de vitesse, il lui arriva de paraître pressé, jamais d’être insuffisant. On s’accoutuma, en le voyant propre à tout, à ce qu’il ne refusât rien. C’est ainsi que le professeur d’économie politique et de droit constitutionnel, entré par vos justes suffrages dans l’Institut à la place que l’illustre M. Sieyes avait laissé vacante au milieu de nous, devint conseiller de l’université, doyen de l’école de droit, et ce qui était plus rare, ayant obtenu, après cinq ans de séjour et de services en France, des lettres de grande naturalisation, fut nommé membre de la chambre des pairs, et parvint jusqu’à l’ambassade de Rome.

Je ne vous entretiendrai point, messieurs, de tout ce que fit M. Rossi à ces divers titres. Vous vous rappelez ses travaux dans cette académie, qui applaudit à ses ingénieux efforts pour accorder, sur quelques points, la législation civile avec la science économique, et qui le chargea de retracer l’histoire de cette science et d’en apprécier les progrès, depuis la fin du dernier siècle jusqu’à nos jours. Je ne le suivrai point à la chambre des pairs, où peu à peu il acquit l’influence que donne dans les assemblées graves et expérimentées une parole sûre au service d’un grand sens, et où, rapporteur des lois sur les sucres, sur la banque de France, sur le régime financier des colonies, sur plusieurs importantes mesures