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peine les désapprobateurs de sa nomination en admirateurs de ses leçons.

Ce cours lui convenait merveilleusement, et peu d’hommes étaient aussi bien préparés à donner la raison des institutions qui nous régissaient alors, et à leur concilier un respect intelligent. M. Rossi considérait l’ordre civil fondé en France sur le principe de la justice et sur l’égalité de droit, comme le plus grand progrès qu’eût encore fait la société humaine. Le système représentatif, avec ses savants ressorts et ses mouvements complexes, lui semblait être le chef-d’œuvre des gouvernements ; car, en matière d’organisation politique, la simplicité ne produit que faiblesse ou tyrannie.

En exposant le mécanisme pondéré de ce gouvernement, qu’il croyait applicable aux pays démocratiques aussi bien qu’aux pays aristocratiques, M. Rossi enseignait avec un grand art. Chacune de ses leçons avait un sujet déterminé et prenait l’intérêt d’un petit drame. Contre l’ordinaire, M. Rossi était un improvisateur concis et un démonstrateur élégant. Les lenteurs mêmes de sa parole l’aidaient à resserrer sa pensée, à laquelle un reste marqué d’accent italien semblait donner encore plus de signification, et qu’il avait pour ainsi dire le temps d’orner avant de la produire.

Soixante pages seulement de son Cours de droit constitutionnel ont été imprimées ; le reste le sera vraisemblablement bientôt. Le Cours d’économie politique, qu’il continua jusqu’en 1840, époque où il se démit de sa chaire en entrant dans le conseil de l’instruction publique, a paru seul, en deux volumes. Ce livre, malheureusement inachevé, est une belle exposition des principes les plus élevés, une discussion approfondie des points les plus délicats de la science économique. M. Rossi en retrace brièvement l’histoire, en montre les tâtonnements dans la succession des systèmes et les erreurs par la diversité des affirmations. Il la sépare soigneusement des autres sciences qui s’occupent de l’organisation et de la