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compagne nos premières recherches en toutes choses, on a invoqué le travail ou les frais de la production. Mais comme l’observation ne tarde pas à découvrir et à signaler des valeurs antérieures au travail ou à la production, les uns se sont obstinés à chasser du domaine de l’économie politique toutes les richesses qui ne sont pas le fruit du travail, et, par là, ils ont mutilé la science, ils lui ont enlevé une portion de son domaine ; les autres, pour expliquer l’origine de ces valeurs, qui ne sont pas produites, et même, dans tous les cas, pour expliquer la valeur des services productifs, sont revenus au principe de l’utilité, oubliant qu’ils avaient d’abord proclamé comme un principe fondamental en économie politique la distinction que Smith a établie entre l’utilité et la valeur d’échange, et agrandissant ainsi mal à propos le champ de la science qu’ils cultivaient. Tout cela indique suffisamment combien est vicieux le principe de restriction invoqué jusqu’à présent pour faire sortir la valeur de l’utilité, et combien il est urgent d’en invoquer un autre.

Or, ce nouveau principe est précisément celui que j’ai développé ailleurs[1], et que j’ai reproduit toutes les fois que l’occasion s’en est présentée ; ce principe n’est autre chose que la limitation dans la quantité et la rareté qui en résulte. Je suis d’accord avec Adam Smith, avec J.-B. Say, avec Ricardo, avec Mac-Culloch, sur deux principes importants, savoir, que l’économie politique est la science de la richesse sociale, et que la richesse sociale se compose de valeurs échangeables. Quant à l’origine de la valeur échangeable, je me sépare complètement de tous ces économistes célèbres. Je n’ai rien négligé pour démontrer que la valeur d’échange prenait sa source dans la rareté, et j’ai très clairement indiqué ce qu’il fallait entendre par cette expression. Ce principe explique tout, et

  1. De la nature de la richesse et de l’origine de la valeur. Un vol. in-8o, 1831.