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être autre chose, sous un autre nom, que la valeur des services productifs.

Supposons donc, pour un moment, qu’on adopte la doctrine de J.-B. Say sur la production ; je n’aurai autre chose à faire, pour combattre et pour réfuter les conséquences qu’on voudrait en déduire, qu’à agrandir le cercle du raisonnement que je faisais tout à l’heure. La valeur vient des frais de production, me dira-t-on, et les frais de production ne sont plus seulement des travaux, ce sont aussi des services fonciers et des services de capitaux. Qu’importe cette différence dans la manière de concevoir la production ? Quels que soient et la nature et le nombre des services productifs, nous pouvons toujours affirmer que la valeur d’échange n’a point sa source dans la production. Et, en effet, dans le système de J.-B. Say comme dans celui de Smith et de Ricardo, la production se présente toujours comme un grand échange où l’on donne des services productifs contre des produits, et, dans un système comme dans l’autre, la valeur des choses qui en ont une représente toujours la valeur des choses qui ont été consommées pour les produire. Si la richesse sociale n’est jamais que de la richesse produite, si toutes les valeurs sont des produits, il s’ensuit rigoureusement que la valeur des produits n’est autre chose, sous un autre nom, que la valeur des services productifs. Or, pour mettre mes adversaires dans un embarras inextricable, il me suffira toujours de leur demander : Pourquoi les services productifs ont-ils une valeur d’échange ? D’où vient que les services productifs valent quelque chose ? Tant que la question ne sera pas posée, la théorie restera incomplète ; elle reposera toujours sur une pétition de principe bien évidente.

Mais l’esprit humain ne peut pas toujours rester enfermé dans les entraves du sophisme. La vérité cherche constamment a se produire et à se faire jour. M. Mac-Culloch, tout en se piquant de rester fidèle aux principes de Smith et de