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représentant des travaux ou des services rendus par l’industrie, des services fonciers ou des services rendus par les fonds de terre, et enfin des services de capitaux ou des services rendus par les capitaux. En d’autres termes, les frais de production se composent dans la doctrine de J.-B. Say de salaires, de profits et de fermages.

Adam Smith lui-même a enseigné que le travail était la source et la mesure de la valeur d’échange dans cet état grossier de la société qui précède l’accumulation des capitaux et la propriété des terres ; et quoique Smith, au dire de David Ricardo, n’ait nulle part analysé les effets de l’accumulation des capitaux et de l’appropriation des terres sur les valeurs relatives des produits ou des marchandises, il paraît, d’après ses propres expressions, qu’il ne s’est point dissimulé que le profit des capitaux et la rente des terres avaient dans un état social plus avancé une influence incontestable sur la valeur des produits ; par où l’on voit que la doctrine de Smith n’est pas tellement éloignée de celle de J.-B. Say qu’on ne puisse trouver entre les deux systèmes une analogie assez frappante.

Quoiqu’il en soit à ce sujet, la manière dont J.-B. Say a envisagé la question de la production pourrait-elle donner à mes adversaires quelque avantage dans la question qui nous occupe en ce moment, celle de la véritable origine de la valeur échangeable ? Je ne le pense point, et l’on sera bientôt tenté, je l’espère, de partager mon opinion. Quelles que soient les corrections et les améliorations introduites par J.-B. Say dans le système de Smith et de Ricardo, et quelque mérite qu’elles supposent dans le célèbre auteur auquel nous les devons, J.-B. Say n’en soutient pas moins que la production, considérée d’une manière générale, n’est autre chose qu’un grand échange dans lequel on donne continuellement des services productifs pour obtenir des produits en retour ; d’où il suit nécessairement que la valeur des produits n’est et ne peut