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l’image de sa mère, d’une mère adorée qui croirait avoir reçu de lui un coup mortel. Ce tourment fut le tien. Tu l’enduras pendant quarante-trois ans. Dors en paix, tu as mérité le grand repos.

« Dans ton grand repos suis ta grande espérance. Je sais ce que tu espéras, et comment, après vingt-cinq années de silence, tu ne te décidas à parler que pour dire à la jeunesse : « Non, la France ne décline pas ; elle sommeille afin de reprendre des forces… Et, en attendant qu’elle se relève et reprenne son pas de déesse, les peuples, étonnés de ne plus la voir, marchant à leur tête, se demandent entre eux pourquoi dans le monde il y a tant de nuit. » Tu ne te trompais pas. La nuit s’est dissipée. Où l’ennemi avait cru apercevoir chez nous les dernières lueurs d’un crépuscule, c’étaient les feux bientôt resplendissants d’une aurore. Dans ton grand repos s’accomplit ta grande espérance.

«  Mais écoute : un murmure d’admiration court le long de la terre. Mais regarde : pour saluer un peuple, les peuples nobles se lèvent. Victime aux deux plaies saignantes, la France servit jadis à démasquer les puissances d’oppression et de haine. Redressée dans un sublime effort, elle a brisé l’élan du démon et sauvé le monde. Elle sera toujours le droit. Elle est devenue aussi la force. Par le souffle divin qui l’anime, elle est vie et résurrection. Sors de ton repos, pour voir ce qui passe ton espérance ! »