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plètes sur la grande machination ; finalement, ce fut Bismarck lui-même qui raconta comment il avait falsifié la dépêche d’Ems, comment il nous avait imposé cette guerre. Ollivier se décida. Mais, théoricien habitué à remonter des effets aux causes, il ne se fut pas plutôt mis au travail qu’il voulut rattacher la guerre de 1870 à celle de 1866, puis la guerre de 1866 à celle de 1864 ; de degré en degré ce fut toute la politique étrangère, toute la politique intérieure du second Empire qu’il résolut d’exposer. Son premier projet s’encadrait ainsi dans une conception énormément plus vaste. Il ferait l’histoire complète de l’Empire. De cette histoire il publia douze volumes avant d’arriver aux événements de 1870 et à ce que certains ont appelé son « plaidoyer ». Étrange plaidoyer ! Un vieillard de soixante-six ans, qui ne songe qu’à plaider sa cause, n’attend pas pour cela le treizième volume d’une œuvre dont chaque volume doit lui coûter au moins un an de travail. Si c’est un plaidoyer, avouons que jamais plaideur ne fut moins pressé de voir son affaire au rôle, ni plus menacé d’avoir à faire défaut le jour de l’audience.

Ainsi fut entreprise la grande construction qui devait absorber les vingt dernières années d’Émile Ollivier, L’Empire libéral. Près du cap de la Moutte, aux environs de Saint-Tropez, s’élève la demeure d’où il était parti aux beaux jours de l’Empire, où il était revenu après la tempête. À l’entrée est une pièce exiguë, pavée de dalles, à la