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connu, disait-il, l’ennui d’avoir à le renier ». Il n’en conserva pas moins, il n’en vit pas moins venir à lui de chaudes et dévouées amitiés. Il en avait surtout ici, Messieurs, dans cette Compagnie qui se tient, depuis trois siècles qu’elle existe, en dehors de toutes nos querelles, au-dessus de toutes les préventions et de toutes les haines. Plusieurs de ceux qui siègent ou qui siégèrent parmi vous eurent occasion d’élever la voix en sa faveur. Je ne citerai que l’homme à l’esprit pénétrant, à la conscience droite et au jugement sûr, que fut Francis Charmes. Résumant l’opinion qu’il avait plus d’une fois exprimée, il écrivait au lendemain de la mort d’Ollivier : « On l’a rendu responsable d’une guerre que rien ne pouvait empêcher parce qu’on la voulait ailleurs et qu’on nous y a délibérément provoqués. M. Ollivier a fait ce qu’il a pu pour l’éviter ; il n’y a pas réussi. S’il y eût réussi un jour, le danger se serait présenté sous une autre forme le lendemain. Le sort des armes s’étant prononcé contre nous, on a cherché un homme sur qui rejeter le poids de l’événement ; il n’a pas été difficile de le trouver, il s’était offert lui-même… Mais M. Ollivier a vécu assez longtemps pour faire appel. »

Lentement, mais sûrement, se dessinait en effet dans l’esprit d’Émile Ollivier la pensée de retracer les origines de la guerre de 1870. De l’entourage de Bismarck, et aussi de la cour de Roumanie, partaient des révélations de plus en plus com-