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ques heures après, la décision ferme de ne pas maintenir la demande d’un engagement pour l’avenir si l’on se heurtait à un refus du roi de Prusse, et puisque ce n’est pas ce refus, en lui-même, qui a provoqué la guerre. En demeurant à son poste, Ollivier fit son devoir.

Il était renversé trois semaines après, à la nouvelle de nos premières défaites. Tous, qu’ils fussent de droite ou de gauche, se trouvèrent d’accord pour laisser croire qu’il succombait à ses fautes, et non pas au poids de leurs rancunes. Comment la France, dans son immense douleur, aurait-elle recherché, pesé, dosé les responsabilités ? Comment aurait-elle, dès alors, mesuré la profondeur de perversité de la politique prussienne, deviné qu’on était irrévocablement décidé, là-bas, à nous faire la guerre ? Comment même se serait-elle rappelé qu’Ollivier avait été aux affaires pendant sept mois seulement, qu’il n’avait pas choisi le Ministre de la guerre, que ce ministre, auquel il était obligé de s’en rapporter, déclarait notre armée absolument prête, que d’ailleurs la principale cause de nos défaites fut l’incapacité de la plupart des grands chefs et qu’Ollivier n’avait été pour rien dans leur désignation ? Son nom devint symbolique du régime, évocateur des désastres par lesquels l’Empire avait pris fin. Il fut chargé des malédictions de tout un peuple.

Il ne se plaignit jamais. Il voulut rester à l’écart, « afin d’épargner à ceux qui l’avaient