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ture, obligé de donner sa démission. Mais dès le 14 juillet le roi de Prusse eut connaissance de la dépêche lancée aux ambassades, et il ne fit rien pour en atténuer l’effet. Nous aurions donc eu à rester sur l’affront. Qu’eût dit la France ? L’humiliation ne nous aurait d’ailleurs pas donné la paix, car Bismarck était décidé à avoir la guerre ; à défaut d’autre moyen, il serait allé jusqu’à exiger de nous des excuses pour le langage que nous tenions à Paris ; il le déclarait en propres termes à Lord Loftus, le 13 juillet. D’autre part, si la puissance militaire de la Prusse n’était pas sans inquiéter chez nous les gens bien informés, personne n’envisageait sérieusement la possibilité d’une défaite, tant on était loin de soupçonner l’incompétence de notre haut commandement. L’opposition d’un certain nombre à la déclaration de guerre tint surtout à ce qu’ils ne voulaient pas qu’on rompit sur une question de forme. Ils pensaient qu’en attendant une meilleure occasion nous aurions des alliés ; ils ne savaient pas que la Russie nous était hostile, que l’Autriche et l’Italie, mal disposées à notre égard, étaient décidées à rester neutres ou à ne nous appuyer que si nous étions victorieux. Quoi qu’il en soit, si l’on jugeait la rupture inévitable, il fallait écouter les hommes de guerre, qui déclaraient que le moindre retard apporté à notre décision compromettrait gravement nos chances de succès nous faisant perdre en quelque chose de notre avance sur la Prusse. C’est avec cette con-