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démission et de lui dire que la guerre est nécessaire. Puis il cherche comment il provoquera une nouvelle querelle. Toute la nuit du 12 au 13, et le 13 jusqu’au soir, il s’agite et il agite des projets, impétueusement traître, et habitué, par une méthode dont il a le secret, à puiser pour sa perfidie des ressources croissantes dans sa colère. Enfin, dans la soirée du 13, alors qu’il vient de retenir à dîner Roon et Moltke, une dépêche arrive, et, peu après, l’inspiration jaillit. La dépêche venait d’Ems. Elle relatait un nouvel entretien du roi avec Benedetti.

Que s’était-il passé ? Le télégramme du prince Antoine avait pleinement satisfait Émile Ollivier ; mais nombreux étaient ceux qui lui auraient lancé le mot de Gambetta à Robert Mitchell : « Votre satisfaction est scélérate. » Presque tous les députés de droite, et beaucoup de ceux de gauche, jugeaient le moment venu de montrer à la Prusse qu’on ne supporterait plus son arrogance. Tel était aussi le sentiment dominant à Saint-Cloud, dans l’entourage de l’Empereur. Rien ne serait fait, disait-on, tant que le roi Guillaume ne se serait pas associé à la renonciation de son parent. Déjà, dans l’après-midi du 12, le ministre des Affaires étrangères Gramont demandait à l’ambassadeur de Prusse Werther, rentré à Paris, que le roi déclarât approuver cette renonciation ; Ollivier, survenu à la fin de l’entretien, appuya M. de Gramont. Mais là n’est pas ce qui ranima la querelle :