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déclarera à la tribune du Corps législatif que la France ne peut pas laisser un Hohenzollern monter sur le trône d’Espagne. D’autre part, l’Empereur envoie directement l’agent roumain Strat au chef de la Maison de Hohenzollern-Sigmaringen, au prince Antoine, père de Léopold et aussi du prince Charles de Roumanie. Strat rappelle à Antoine ce que sa famille doit à Napoléon III ; il lui donne à entendre que l’Empereur pourra, le cas échéant, ne plus entraver les complots que les Roumains de Paris trament contre son fils Charles. La mère est là, elle croit la vie du fils menacée, elle prend peur. Le père se laisse fléchir. Il obtient de Léopold que celui-ci retire ou laisse retirer sa candidature. Dès le lendemain matin, 12 juillet, une dépêche annonçant officiellement la renonciation est lancée à l’ambassade d’Espagne à Paris et portée à Émile Ollivier. L’affaire paraît terminée. Ollivier déborde de joie. Guizot s’écrie : « C’est la plus belle victoire diplomatique que j’aie vue de ma vie ! »

Mais voici que de la cachette où il se tenait à l’affût, fauve épiant tous les mouvements de sa proie, Bismarck est sorti avec un cri de rage. Déjà il avait télégraphié à Guillaume de ne pas recevoir Benedetti à Ems ; Guillaume avait passé outre, quitte à ne donner à notre ambassadeur que des assurances vagues. Cela n’importait guère. Mais maintenant, tout est à recommencer. Il charge d’abord Eulenbourg d’aller menacer le roi de sa