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le cours des événements ? Nous savons à présent que Bismarck était résolu dès 1866 à nous faire la guerre, qu’il l’eût faite en 1867 s’il eût écouté Moltke, qu’il préféra attendre deux ou trois ans, afin de compléter ses effectifs. Dans le courant de 1869, Moltke annonçait à un notable badois que nos départements du Rhin allaient être réunis au pays de Bade. Dès la fin de 1868, le ministre Schleinitz disait à la comtesse de Pourtalès : « Avant dix-huit mois, votre Alsace appartiendra à la Prusse. » La guerre devait donc éclater en 1870. C’est la candidature Hohenzollern qui fournit l’étincelle.

Il est hors de doute que la candidature de Léopold de Hohenzollern au trône d’Espagne fut suscitée par Bismarck en vue d’amener un conflit entre l’Allemagne et la France. De ce conflit Bismarck désirait que la France eût l’air d’avoir été la provocatrice : il entraînerait ainsi plus facilement l’Allemagne du Sud, et il sauverait aussi certaines apparences auxquelles tenait le souverain. Quel fut, dans toute cette affaire, le rôle du roi de Prusse ? Les historiens, à commencer par Ollivier lui-même, ont été indulgents à son égard. Serait-il donc vrai que le vainqueur ait toujours raison devant l’histoire ? Longtemps on s’est demandé chez nous si l’affaire Hohenzollern avait été une machination de Bismarck : nous avons attendu, pour y croire définitivement, que des Allemands vinssent nous le dire. Longtemps on a