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maximum d’efficacité, pour triompher du principe adverse, les ressources fournies par la rénovation matérielle. Pour briser cet assaut, les nouvelles idées morales seraient obligées, tout à la fois, de mieux prendre conscience d’elles-mêmes et de découvrir, sous la pression de la nécessité, le genre d’organisation et d’outillage qui leur conférât matériellement la puissance la plus haute. Ainsi les dernières convulsions de la force pour s’ériger en droit auraient amené le droit à se consolider en force.

Mais un retour offensif de la barbarie ne se serait pas produit, il n’aurait pas été, en tout cas, d’une telle atrocité, si le principe de la force n’eût trouvé à s’incarner dans la Prusse, et l’esprit prussien en Bismarck. À la suite de la Prusse, depuis longtemps disciplinée par ses rois en vue de l’asservissement de ses voisins, Bismarck résolut d’entraîner l’Allemagne entière, convertie en un immense organisme de guerre. Pour cela, il fallait d’abord se débarrasser de l’Autriche, mais de telle manière qu’on pût la reprendre plus tard, domestiquée : c’est à quoi Bismarck réussit en battant les Autrichiens à Sadowa et en les ménageant après la victoire. Il fallait ensuite que l’unification du reste de l’Allemagne se fit par la haine, que les États confédérés fussent liés les uns aux autres par la complicité du crime, qu’ils devinssent ensemble propriétaires de populations arrachées à leur patrie et possédées de vive force, que par