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coup de tonnerre ». Le 3 juillet 1870, le bruit de la candidature Hohenzollern se répand dans Paris. C’est la guerre. Trois semaines après, le ministère tombe. Un mois plus tard, il ne restait plus rien du second Empire.

Cette guerre de 1870 est loin de se dessiner à nos yeux, aujourd’hui, comme un événement complet. Suite naturelle de la guerre de 1866, elle se continue en celle de 1914. Toute l’histoire de l’Europe, depuis l’apparition de Bismarck, est le déroulement d’une seule grande phrase, à laquelle nos soldats vont mettre le point final. Nous en apercevons enfin la pleine signification.

Vue de haut, elle se présente comme la suprême révolte du principe de la force contre celui du droit. Avant de quitter définitivement la terre, il fallait peut-être que les vieilles idées de compression et de domination fussent poussées à leurs conséquences extrêmes par des esprits férocement systématiques et qu’elles fussent portées aussi par le progrès de la science à leur efficacité la plus haute, de manière à donner une telle vision d’horreur que le monde en fût épouvanté, se dressât contre les puissances du mal, les écrasât ou les paralysât, et poursuivit alors en sécurité la réalisation de son rêve de liberté et de justice. Au cours de cette lutte formidable, les peuples vraiment civilisés, oubliant des rivalités séculaires, feraient l’apprentissage de la fraternité et forgeraient en-