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professés dans l’opposition. À l’étonnement de la gauche, qui ne lui en sut d’ailleurs aucun gré, à la colère de la droite, qui ne le lui pardonna jamais, il se dessaisissait de l’arme redoutable qu’il avait contre ses adversaires, la candidature officielle. Il assurait l’indépendance du vote. Il voulait que tous les Français, sans distinction de parti, pussent s’associer à son effort ; et des concours, qui s’étaient jusqu’alors refusés, s’offraient généreusement. C’était, de tous côtés, un zèle pour le bien public et un besoin de réformes comme on n’en avait pas vu depuis 1789. « Nous assistons, disait Prévost-Paradol, à la refonte de toutes les institutions françaises dans le sens de la liberté. » Si, dans le monde politique, les rancunes s’accumulaient contre le ministre de l’Empire libéral, c’était, dans le pays, une détente qui semblait préluder à un apaisement définitif. L’opposition, qui avait réuni 3 200 000 voix aux élections de 1869, n’en comptait plus que 1 500 000 au plébiscite de 1870 : pendant les deux premiers mois du ministère Ollivier, l’Empire avait gagné près de deux millions de suffrages. L’historien éminent du second Empire, qui siège parmi vous, a tout résumé en quelques mots : « On eût dit, non un règne déjà vieux qui s’achève, mais un règne nouveau qui s’inaugure. On sentait passer sur le pays ces larges brises d’espérance qui soufflent à l’heure des avènements. »

Mais voici que « dans le ciel serein éclate un