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élection, en 1857, avant de prêter serment à l’Empire, Ollivier avait écrit à son père, le vieux révolutionnaire : « Si l’Empire reste dans son despotisme, je l’attaquerai sans merci… Mais s’il se transforme, je suis obligé de l’aider. Voilà où conduit fatalement le serment ; et comme je ne m’arrête jamais à mi-chemin, voilà jusqu’où j’irai, le cas échéant, si j’entre au Corps législatif. Crois-tu que nos traditions me l’interdisent, je m’arrêterai. » Et le père avait répondu : « Tu es plus libre que moi ; tu commences et je finis. Suis donc ton inspiration. »

Impassible, indifférent aux attaques de droite et de gauche, Émile Ollivier poursuivit pendant treize ans sa patriotique campagne. Par delà les partis, sa pensée allait à la France. Le jour où l’émeute commença à gronder dans la rue, force fut bien de se tourner vers celui qui seul pouvait transformer l’Empire, sauver le pays d’une révolution. Ollivier, de son côté, dut accepter le ministère dont il n’avait pas voulu jusque-là, qu’il avait nettement refusé en 1867. Le 2 janvier 1870 il inaugurait l’Empire libéral.

Sept mois plus tard devait venir la catastrophe. Mais pendant ces sept mois la France s’achemina de jour en jour, presque d’heure en heure, vers ce parfait équilibre entre la liberté et l’autorité auquel elle aspirait depuis si longtemps. Le grand honnête homme qui était au pouvoir pratiquait les maximes et appliquait les principes qu’il avait