Page:Séance de l’Académie Française du 24 janvier 1918.pdf/29

Cette page n’a pas encore été corrigée

se regardèrent entre eux, surpris ; mais comme l’Empire paraissait alors inébranlable et qu’il n’y avait pas grand inconvénient à le louer de ce qu’il faisait de bon, ils se dirent simplement : « Ollivier est un honnête homme ». Quand, en février 1864, l’Empereur s’étant montré favorable à la liberté du travail, Ollivier accepta d’être rapporteur de la loi sur les coalitions, ses collègues s’étonnèrent encore ; mais comme, maintenant, il y avait un véritable parti républicain, capable de lutter, ils blâmèrent ; et ce fut la rupture. Quand enfin, en novembre 1868, Ollivier refusa de s’associer à la souscription Baudin et à l’agitation révolutionnaire, ils le traitèrent de renégat, de transfuge : désormais ce serait l’ennemi. À mesure, en effet, qu’ils avaient donné à leur opposition une forme plus franchement républicaine, ils avaient vu grandir l’écart entre eux et Ollivier ; et comme ils se sentaient rester, au fond, ce qu’ils étaient, ils en concluaient qu’Ollivier avait changé. La vérité est qu’Ollivier se bornait à conserver l’attitude que tous avaient prise, par nécessité, au début : tous avaient prêté serment et tous, pendant la première législature, avaient maintenu leur opposition dans les limites constitutionnelles. Seulement, à mesure que la constitution se faisait plus libérale, l’adhésion d’Ollivier à la constitution devenait plus libre, tandis que les autres usaient de la liberté croissante pour adhérer de moins en moins à la constitution. Dès le lendemain de sa première