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suite conquis. Quant à Napoléon III, il serait peut-être allé tout droit à Ollivier s’il n’avait écouté que son cœur. Mais il fut retenu pendant bien des années par ses familiers, par ses ministres, et aussi par un certain respect pour ce qu’il y avait d’absolu dans sa propre autorité, respect d’ailleurs combattu par la secrète inclination qui le portait, conspirateur devenu empereur, à conspirer contre lui-même.

Si, en dehors de ces deux hommes, le personnel à peu près entier du second Empire devait se lever contre Émile Ollivier, que ne ferait pas l’opposition ?

Cette opposition, Ollivier avait contribué plus que personne à la créer. Il fut, dans la Chambre de 1857, le membre actif du groupe des Cinq, qui était destiné à se renforcer en 1863 et davantage encore en 1869. Mais, dès l’origine, il y eut entre lui et ses collègues du groupe un gros malentendu. Ceux-ci souhaitaient, par attachement à la République, que l’Empire restât assez inflexiblement autoritaire pour devenir insupportable à la France ; celui-là espérait, par crainte des révolutions, que l’Empire s’adoucirait assez pour permettre à tous les Français, même républicains, de seconder son effort. Quand, le 24 novembre 1860, l’Empereur se décida spontanément à étendre les prérogatives du Corps législatif et qu’Ollivier, ne pouvant retenir l’élan joyeux de son cœur, félicita le souverain du haut de la tribune, ses quatre collègues