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tions d’ordre intérieur ne vit souvent dans la politique extérieure qu’un jeu, où la fantaisie se donne libre carrière, et où l’intérêt de la nation compte tout juste autant que celui d’une sentimentalité vague ou de je ne sais quel besoin de symétrie.

Qu’Émile Ollivier soit venu à l’Empire, cela n’a rien d’étonnant. Il condamnait le coup d’État, mais il avait le respect du suffrage universel, et le peuple avait absous Louis-Napoléon. Il était républicain, mais il avait horreur de la révolution, et il estimait que si l’Empire donnait l’essentiel de ce que les républicains avaient demandé à la République, un républicain pouvait, pour épargner de nouvelles convulsions à la France, accepter l’Empire. À vrai dire, le régime auquel allaient ses préférences était à mi-chemin entre l’Empire et la République. Le chef de l’État eût été élu directement par le peuple et investi de pouvoirs considérables. Les ministres auraient été responsables individuellement, mais non pas collectivement, devant la Chambre. Point de questions de cabinet. Point de partis définitivement constitués. Un effort constant pour faire l’éducation politique du pays. De loin en loin, un appel à la nation, pour qu’elle eût à se prononcer sur la solution d’un problème. À mesure, en effet, qu’il avançait en âge, Ollivier se confirmait dans la pensée que, seule, l’institution du « referendum » amènerait le peuple à étudier, à réfléchir, à tenir compte des choses autant