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treize ans, est celle d’un acheminement de l’Empire à la forme qu’avait rêvée pour lui Émile Ollivier. Que faut-il penser de cette histoire ? L’Empire libéral a si peu duré, il a été si tragiquement interrompu, qu’on se demande aujourd’hui s’il était viable. Souvent nous avons entendu dire que l’expression même était contradictoire, que les deux mots jurent de se trouver accouplés, et que l’Empire ne pouvait devenir libéral parce qu’un gouvernement ne saurait aller contre son principe. — Mais l’Empire avait-il un principe ? Il s’était fait parce que la France, un jour qu’elle était inquiète et lasse, avait senti le besoin d’un gouvernement fort, et qu’un Napoléon s’était trouvé là. À ce Napoléon elle se donna d’ailleurs sans réserve ; et si, dès le début, l’Empire eut contre lui une minorité qui était une élite, il faut bien reconnaître que cette minorité était infime et qu’aucun gouvernement, depuis celui des anciens rois, n’avait été plus complètement accepté, plus franchement populaire. Justement parce qu’il était si fort et que sa force n’avait pas de direction définie, on-pouvait projeter de s’installer en lui, d’éliminer de sa substance les impuretés qui avaient souillé ses origines, et de réaliser alors, en toute sécurité, l’œuvre sans cesse rêvée depuis les jours de la Révolution.

Car si l’histoire intérieure de la France, à travers le xixe siècle, ne nous présente au premier coup d’œil qu’une série de bouleversements, un