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à Marseille. « Cent mille voix entonnaient l’hosanna de la République et saluaient l’enfant qui apportait un si grand message. »

Hélas ! trois mois après, il était abandonné des uns et des autres. Les journées de Juin étaient survenues ; il avait fallu réprimer l’insurrection. Émile Ollivier, qui avait voulu, jusque dans la bataille, être juste, fut pris entre les révolutionnaires qui le taxaient de férocité et les conservateurs qui raillaient sa douceur évangélique. Il fut envoyé en disgrâce à Chaumont. L’année suivante, il rentrait dans la vie privée.

Telle fut sa première apparition sur la scène politique. La petite pièce dont il venait d’être l’acteur principal devait être comme le canevas de la grande, celle qui n’aurait plus pour théâtre Marseille, mais la France ; celle qui ne durerait plus seulement quelques mois, mais remplirait les treize dernières années du second Empire. Cette fois encore il grouperait ensemble, par un charme magnétique, des hommes que tout séparait les uns des autres, — comme le barreau aimanté obtient, sans contact, que les brins éparpillés de limaille se disposent en courbes harmonieuses. Cette fois encore retomberait bientôt sur sa tête, tous se retournant contre lui, le poids des inimitiés réciproques momentanément suspendues. Mais l’occasion serait un désastre sans précédent, l’écroulement d’un monde.

L’histoire intérieure de la France, pendant ces