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guerre de 1870 devient, entre ses mains, une « utilité ».

Ce volume, comme ses nombreux frères, révèle en Maurice Montégut un bourgeois grincheux à philosophie de vétérinaire triste : positivisme étroit et pessimisme sans horizon.

Il nous présente, entre autres, une marionnette qui « glissait aux pensées démentes. » Et l’énumération des pensées démentes commence par cette inquiétude qui mérite bien, en effet, la camisole de force : « S’il était vrai qu’il fût des âmes… »

M. Montégut ronchonne et bougonne, pour toutes sortes de raisons : à cause de « la part de vérité qui entre dans chaque mensonge », ou bien parce qu’on dîne trop tard aujourd’hui. En 1869, « on dînait encore à six heures et — remarque notre profond philosophe — rien n’en allait plus mal pour cela. » Ronchonnant et bougonnant, il se promène sans hâte — oh ! oui, sans hâte, — à travers ses gauches poupées et, de temps en temps, leur casse quelque chose : aux unes parce que, bon bourgeois, il tient à les punir de leurs fautes ; aux autres, parce que, pessimiste logique, il est bien forcé de les punir de leur innocence. Sa manière