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puisqu’elles viennent de livres « tombés dans le domaine public. » Un éditeur peut prendre tout Balzac et le livrer au plus ridicule des illustrateurs : pourquoi M. Henry Bordeaux aurait-il scrupule à se parer de quelques pages du Médecin de campagne ? Balzac nous fait entendre dans une grange la légende de Napoléon contée par un vieux soldat. Dans une grange du Pays natal un vieil ouvrier nous dira la légende de Victor Hugo. Le Victor Hugo des paysans, puisqu’il y a le Napoléon des paysans. Je n’aurai pas la naïveté de vous avertir que l’ampleur balzacienne manque un peu à M. Henry Bordeaux et que sa réduction de la grande statue est un petit bibelot aussi joli et aussi ridicule que le petit Barrès lui-même.

Un livre de Maurice Barrès, d’Henry Bordeaux ou de Paul Adam est une collection de bibelots. Ces industriels volent des modèles d’idées partout où il y en a ; mais ils en font de très petites réductions qui puissent tenir dans le petit appartement moderne qu’est leur cerveau et dont le poids ne fasse pas crouler le volume, tablette quelquefois élégante, toujours encombrée. Les systèmes, ces dieux hostiles et vaillants, dont le moindre briserait et la tablette