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et la résistance, comme la docilité, prouve relation et dépendance.

Les Lettres à Angèle sont ornées de bien jolis jugements critiques. J’aime chez M. Gide l’effort pour voir la vérité et pour la dire exactement. Mais sa vérité ne me satisfait pas : elle est trop exclusivement élégante et fine, manque trop de force et de profondeur. Tout ce qui est arrêté semble brutal à sa faiblesse. Il a dans la pensée et dans l’expression des trouvailles charmantes, mais qui sont toujours les trouvailles d’un touriste myope. Il se vante lui-même, sans le savoir peut-être, quand il vante la finesse et l’ondoyance souriante. Inconsciemment encore, il se défend lui-même et dénigre ce qui lui manque quand il critique la force qui est souvent stabilité. Il confond avec la mort le repos, qui peut être puissant. Chez lui « le scepticisme, nouvelle forme de croyance, mue amour en haine. » Je sais des natures plus fortes chez qui le scepticisme a mué l’amour en dédain et en « froid silence », et celles-là je les aime plus fortement.

Avec des malices délicieuses, M. Gide reproche à un article d’Octave Mirbeau quelque tout petit détail d’une vérité nuancée insuffi-