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que, de celle-là qu’elle est lâche, on n’aura rien à ajouter. Cependant, certaines pages du roman valent par le mouvement ému du style, celles surtout qui disent, souriantes ou élégiaques, quelque fragment d’idylle.

Les frères Margueritte ont mieux dessiné les personnages historiques. Leur Gambetta, leur Chanzy, leur Trochu, leur Bourbaki, leur Thiers sont d’une ligne autrement précise et marchent d’une allure autrement vivante que toute leur raide ou fantomatique famille des Réal. Leurs observations valent mieux que leurs tentatives de création et ces romanciers manqués réussissent parfois à se manifester historiens appliqués et intelligents.

Le style, d’un mouvement toujours lent, souvent incertain, mérite cependant quelques éloges — même en dehors des pages idylliques, — par sa gravité triste et vaillante. L’écriture[1] est malheureusement très inférieure. Au début elle est détestable, comme chez la plupart des contemporains quand ils s’appliquent. C’est une insupportable accumulation

  1. Sur la différence de sens qu’il convient d’établir entre les mots style et écriture voir, au chapitre XI, la fin de l’étude consacrée à Remy de Gourmont.