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ment — je vous supplierais même, le nez bouché, de ne plus rien faire en public.

Paul Margueritte dessina jadis des grisailles aimables et Jours d’épreuve par exemple ne m’a pas laissé un trop mauvais souvenir. Un charme triste se cachait dans ses livres, fait de conscience qui s’efforce et d’impuissance qui s’avoue presque. La probité et la modestie de l’auteur touchaient ; on souffrait de voir un ouvrier si appliqué ne réaliser qu’à demi ; on l’aidait d’un rêve sympathique et l’esprit du lecteur achevait l’œuvre. Malgré tout, l’insuffisance éclatait ; mais on souriait à ce qu’il restait dans l’auteur d’enfance persistante et, d’une espérance qui s’obstine, on attendait encore quelque chose de lui après dix volumes manqués. Hélas ! les dix volumes sont devenus trente volumes. Le talent est resté une montagne inaccessible aux efforts répétés, mais les marécages du succès sont conquis, enfin. On multiplie rapidement des produits qui ont maintenant un débouché certain.

Même le commerce s’est élargi, on a pris un associé fraternel et la maison, dont le chiffre