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on ne trouve que l’auteur, ses basses passions grossières, ses basses passions raffinées. Le coassement de l’écœurante grenouille, avant de demander un roi, réclamait qu’un peu de plaisir lui grattât le ventre. Aujourd’hui Barrès précocement vieilli ne paraît plus pouvoir goûter que la vengeance. Mais quelle grossièreté jusque dans ses derniers raffinements ! Cet Arlequin fait de bile verte et de jalousie jaune ne trouve, pour crier sa haine, que des mots abstraits et gris. Ou bien ce sont quelques laides métaphores culinaires, beaucoup de lâches métaphores pathologiques. Voyez-vous ses lèvres de sale cruauté et de sale gourmandise, toutes dégoûtantes d’une sauce infâme, quand il vante « le bon plat de vengeance qui se mange froid » ?

Il n’est pas seulement un vaincu sournois et rancunier qui se venge après dix ans. Il est surtout un mercenaire amoureux de bénéfice. Il veut, à n’importe quel prix, quelle que soit sa nature, trempé dans n’importe quels excréments, le succès. Ce vantard de raffinements pense, devant la réussite, aussi grossièrement que feu Sarcey et — selon le mot que je citais tout à l’heure, mais qu’on ne saurait trop répéter — il