Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conde pour chacun de ceux que des juges firent souffrir injustement, on ne se relèverait pas de toute la vie ; et, à l’heure de la mort, on aurait à peine commencé l’œuvre de réparation.

La Vérité en marche, pauvre livre de bourgeois vaniteux et d’enfant ébloui aux moindres lueurs, finit par les ineffables articles sur François Zola. Pour un effet de polémique, Judet ignoblement avait insulté un mort. Il avait inscrit sur une pierre tombale, parmi des vérités indifférentes depuis cinquante ans, des mensonges infâmes. Et le fils du mort, imbécile scientifique, étranger à toutes les vraies fiertés et à toutes les délicatesses morales, s’attarde indéfiniment à instruire le procès de son père. Il fait des découvertes navrantes, et il les publie. Il dévoile également les travaux têtus de François Zola et « son heure de folie ». Et il rabâche indéfiniment, enfant qu’on voudrait gifler : « Tel qu’un refrain, je ne puis que répéter ce que j’ai déjà dit. Comment m’expliquera-t-on cela, et n’est-il pas de toute évidence que mon père avait justifié sa conduite et qu’il ne restait rien de ce qu’on avait eu peut-être à lui reprocher ? » Il ne sent pas, l’inconscient, que sottise et maladresse peuvent aller jusqu’au sacrilège et que