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à l’heure payait un accent convaincu, continuerait, rémunérant une clownerie de pensée ou d’expression. On ne saurait trop louer de telles vertus et moi aussi j’applaudis, comme au cirque.

Il a publié en plaquette deux harangues qui appartiennent à sa manière limousine et enthousiaste. Elles chantent en termes lyriques Bernard de Ventadour, « le poète ineffable de l’amour. » Immédiatement après cette qualification grandiloquente mais un peu vague, Charles-Brun, qui prévoit jusqu’aux moindres objections, s’écrie : « Et je n’entends point le perdre de la sorte dans une troupe mélodieuse de troubadours occitans qui chantèrent aussi la passion souveraine. » Cette phrase me fit espérer une définition critique du talent de Bernard de Ventadour. Mais un conférencier avisé sait combien son public appartient à l’instant et combien il craint tout effort intellectuel. Les promesses sont toujours chaudement accueillies. Les réalités fatigueraient peut-être et Charles-Brun est un discoureur trop intelligent pour donner à son public autre chose que ce qu’il demande.