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prendre pour devenir un poète. Mais il aurait tellement à oublier ! Or un professeur ne perd jamais rien, mais épaissit chaque jour sa couenne d’érudition.

Charles-Brun est un esprit curieux et inconstant, capable partout d’une médiocrité agréable, mais à qui son habileté et même son talent ne créent jamais qu’une personnalité fuyante. Aussi volontiers que des vers pastichés, il écrit des opinions critiques, pourvu qu’elles ne soient pas compromettantes. Il lui arriva pourtant en une brochurette lourde de méthode sur l’Évolution Félibréenne de dire quelques paroles peut-être courageuses :

« Beaucoup, déclare-t-il, sont entrés dans le mouvement félibréen qui ne détestaient point une façon de plus de s’imposer à l’estime de leurs concitoyens ou qui tenaient à écrire dans leur idiome local des vers qui n’auraient pas mieux valu en français. »

Et encore :

« Que le félibrige soit tombé en discrédit et, pour ne rien céler, se soit même rendu un peu ridicule, il est regrettable qu’il y ait des félibres à ne s’en être point aperçus. »

Charles-Brun est félibre ; il n’appartient pas