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de l’absolutisme royal, est hostile aux bourgeois. Il méprise particulièrement les pédants de Parlement. M. Faguet, bourgeois, pédant et robin d’Université, sent rougir sa joue fraternelle, chaque fois que les doigts fins du railleur effleurent le mufle judiciaire.

M. Faguet, dont la lourdeur naturelle s’aggrave d’une robe longue et d’une méthode gauche, ne pardonne pas non plus à Voltaire ses vivacités et ses espiègleries. Voltaire marche vraiment un peu vite, s’il veut être suivi par les Faguet, et demande aux intelligences poussives de trop rapides, répétés et haletants efforts. M. Faguet resté en route injurie son guide de loin et crie d’une voix aigre qu’ « il manque une dizaine de termes au raisonnement ».

Rousseau est bien peuple et ses grands gestes effarent notre bourgeois. M. Faguet, pour cause, n’aime pas l’éloquence, qu’il appelle volontiers déclamation. D’ailleurs Jean-Jacques est le théoricien de l’absolutisme populaire, et M. Faguet se fait le champion de l’individu. Il l’affirme du moins. En réalité, ce qu’il défend, ce sont les corps organisés, académies ou anciens parlements, tous ceux où la liberté du bourgeois trouve un asile et sa tyrannie une