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qui n’aiment guère insulter. La publicité a fait de réels progrès et, sauf de rares circonstances, nos agents, très pratiques, considèrent comme perdue toute ligne qui n’est pas employée à louer.

La société des filles et des gens de lettres, c’est dégoûtant et rarement amusant. Mais ceux qui attendent des prostitués leurs moyens d’existence, j’ai trop de répugnance vraiment à les rencontrer. Aurai-je jamais le courage, même pour l’étude méprisante, de descendre jusqu’au bassin des souteneurs ou jusqu’à la mare aux critiques ?

On remarquera, en effet, que je m’attarde volontiers à ce qu’il y a de mieux dans la littérature contemporaine. Je puis passer une heure avec Mendès, fille habile après tout et qui sait grimacer un sourire. Mais je m’écarte soigneusement de Willy que Laurent Tailhade appela avec vérité « marchand en gros de pornographies achetées en détail à des écrivains faméliques » ; de Willy qui n’est plus même la fille avec qui l’on couche mais la matrone qui tire profit des charmes d’autrui. Des naïfs prennent encore ces cinq lettres, Willy, pour un pseudonyme. Ils se trompent. C’est un gros nu-