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et aussi des situations : il y a, par exemple, dans l’Aventureuse, un jardin anglais (shocking !) qui veut la faute. Et certaines pages semblent détachées, ou plutôt involontairement parodiées, de quelque livre de Gabriele d’Annunzio, grand plagiaire lui-même. Décidément ces Italiens, depuis le vieux Nævius, sont des pillards et des imitateurs.

Mais des matériaux et même des procédés de composition empruntés n’empêchent pas toujours l’œuvre de revêtir une beauté originale. Virgile, douce lumière lunaire, luit parmi des paysages tragiques que le soleil d’Homère illumina d’abord et sa clarté onduleuse en renouvelle l’aspect. Sa faiblesse transforme en fantômes indécis les personnages nets et agissants des Grecs, mais sa mélancolie les dresse longs, frêles, aériens, dans un ciel de rêve et de larmes. Dans tous les arts, les Italiens sont coutumiers de telles victoires.

Mais supposez que Virgile ne soit pas une âme profonde et un esprit délicat : malgré tous ses efforts, l’imitation tournerait à la parodie et il ferait sans le savoir un Homère travesti.

Son succès immédiat n’en eût peut-être pas été diminué : beaucoup de parodies inconscientes