Pour un peu d’argent, ces prostitués durent, comme leurs sœurs les courtisanes, livrer leur âme aux viols de tous. Aujourd’hui, ceux qui échappent au seul travail ont plus de fatigue que leurs frères, souvent ils meurent jeunes, parfois ils sombrent dans la folie.
Il y a pour les prostitués méprisables et pitoyables un âpre et superbe chemin de salut. Trois hommes au moins l’ont connu depuis que les prétendus intellectuels ont perverti l’intelligence humaine, depuis que les sophistes, vendeurs de fausse science, ont triomphé des Socrate, donneurs de vraie sagesse. Ô mes frères en prostitution, saluons nos trois héros : saint Paul qui adresse aux Romains et aux Corinthiens de sublimes épîtres, mais qui se refuse aux simonies, qui ne vit ni de l’autel ni de la parole, qui, pour avoir à manger, tisse des tentes ; — saint Spinoza qui compose la plus logique ou creuse la plus profonde des philosophies, mais qui, ayant besoin chaque jour de quelques grains de gruau pour soutenir son corps ascétique, ne veut pas les obtenir comme professeur, méprise les chaires offertes et polit des