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baiser de nouveaux soleils. Il chante « la Métamorphose couronnée de fleurs odorantes comme une femme des îles lointaines ».

C’est tout le pays d’Armor, ce livre. Et c’est autre chose encore. C’est le don généreux, et que peu apercevront, d’une âme « pleine de feu, de douceur et de barbarie. » Cette Bretonne est intéressante passionnément. Elle est, inconnue comme il convient et réservée à la joie des rares qui sont dignes de la beauté originale, le plus admirable des écrivains féminins d’aujourd’hui. Elle est un talent de moins en moins inégal, et dont la marche ne s’embarrasse plus que rarement, et dont la marche ne devient plus jamais une chute. Et elle est, l’étonnante barbare, un génie créateur de rêves et trouveur d’images. Sa phrase peut s’encombrer encore quelquefois épineuse comme l’ajonc : des fleurs d’or toujours y éclatent, des parfums en émanent, et le vent d’un rythme noble remue en sourires ou en émotions les senteurs et les corolles.

Je sais le danger de transporter hors de la lande natale ces grappes sauvages. Je devrais conseiller seulement d’aller respirer sur place tant de joie odorante. Je ne puis résister au plaisir égoïste de briser quelques thyrses et de les