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nies ; elles apparaissent comme des nécessités de son génie et l’auteur n’ose pas détester ici nettement ce qu’il appellera ailleurs « abominable supériorité intellectuelle. » En son Shakspeare qui aime avec peu de sincérité et de loyauté ; qui, sous prétexte de mieux étudier la nature, se crée d’artificiels sentiments, M. Léon Daudet semble parfois admirer un Kamtchatka[1]. »

Je ne voyais pas, je ne voulais pas voir que Léon Daudet, quand il étudiait un homme de génie, avait la naïveté de faire de l’auto-psychologie et de dire, ébloui, ce qu’il découvrait en Léon Daudet.

Néanmoins le Voyage de Shakspeare reste le moins décevant de ses livres. Large tableau d’histoire, il ressuscite la vie du xvie siècle sans trop appauvrir cette énorme puissance combattive. La vaste tempête agite d’innombrables catastrophes individuelles. Par malheur ces aventures tragiques restent dispersées et Shakspeare en est trop souvent le témoin, trop rarement le héros.

Mais, si le roman d’aventures est mal com-

  1. Demain, 9 février 1896.