des chaos ardents d’où on s’attendait à voir sortir un jour quelque harmonieuse statue. Toutes les tendances combattaient et hurlaient dans ces fournaises et ceux qui aimaient l’auteur, fermant les yeux aux raisons de craindre, criaient à eux-mêmes et aux autres les raisons d’espérer.
Pour ma part, avec une inquiétude qui s’efforce d’admirer, je m’étonnais devant les Morticoles, devant le Voyage de Shakspeare et même encore, amoureux tenace, devant Suzanne.
Hélas ! toute admiration est devenue impossible, et tout espoir, et même toute inquiétude. Celui qui semblait pouvoir être le noble pamphlétaire de sa propre conscience est devenu bassement le pamphlétaire d’un parti. Celui qui promettait un penseur original s’est rangé à la banalité catholique et, au lieu de rugir dans la solitude, il bêle avec force parmi le troupeau de la Libre Parole.
Il me serait trop pénible d’étudier le Léon Daudet d’aujourd’hui. Je reviens à l’époque où on ignorait la pente de cette matière en fusion et qu’elle irait se refroidir en un moule connu. Comme on évoque, avec leur escorte d’émotions incertaines, les heures où l’on ne distinguait pas encore dans la bien-aimée la courtisane ou l’em-