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ne trouve plus nulle part : un critique littéraire. Je dois avoir la virilité de dire tout et de marquer les fautes chez ceux que j’aime aussi bien que les hasards heureux chez ceux que je méprise. Voici donc toute la vérité :

Je ne crois pas que Léon Bloy ait écrit un livre : bien peu aujourd’hui sont de force à édifier l’œuvre. Mais il est de ceux, déjà bien extraordinaires, qui laisseront des pages et je ne sais guère de contemporains capables de nous donner l’équivalent de La Femme Pauvre. Il est aussi de ceux que leur unité permet de voir et de définir. Parmi les vagues et fuyantes et sales gélatines que sont les âmes actuelles, il dresse le roc d’un caractère. D’une tenue moins hautaine et moins sévère que son ami Barbey d’Aurevilly, trapu et plébéien et souvent grossier, il donne l’idée d’une force plus grande et, moins étonnant peut-être, il est plus sympathique de sincérité brutale. La destinée l’a d’ailleurs plongé dans une pauvreté plus laide et il apparaît extérieurement souillé, tel un Hercule à demi vaincu par les écuries d’Augias.

… Tout homme énergique au dieu Terme est pareil


et nul ne choisit les fatalités qui le paralysent :